Photo by Gautam Lakum

Pour vous, j’ai lu “SPRINT”

Charlotte Duval
8 min readJan 31, 2020

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Le « Design Sprint » a été conçu par les équipes de Google Ventures, dont Jake Knapp, John Zeratsky et Braden Kowitz, pour « résoudre des problèmes importants et tester de nouvelles idées en seulement 5 jours ».

Pour les moins anglophones d’entre nous, ici le mot “design” est à prendre dans son sens d’origine, c’est à dire au sens de concevoir, élaborer, dessiner, et non au sens que la langue française s’est approprié, qui est plutôt lié à l’esthétisme.

Sprint, how to solve big problems and test new ideas in juste five days — www.thesprintbook.com
Sprint, how to solve big problems and test new ideas in just five days — www.thesprintbook.com

Proposé initialement aux startups accompagnées par Google Ventures (et dont les retours d’expériences alimentent généreusement le livre SPRINT), cette méthode peut être utilisée par tout type d’organisation qui a besoin de résoudre un challenge important, c’est-à-dire aux enjeux élevés voire une situation bloquée.

L’intérêt du Design Sprint est de pouvoir, en une semaine seulement, faire émerger des idées de solutions pour répondre à notre challenge, les prototyper pour visualiser leurs éléments caractéristiques, et les tester auprès de “vraies gens” le dernier jour pour valider en amont les développements à réaliser.

Quelques exemples mentionnés dans le livre : design d’une interface humain-machine pour rendre un “robot de livraison” le “moins bizarre possible”, conception du parcours idéal pour les malades à qui l’on propose un protocole de tests, lancement d’un nouveau produit ou service, …

Dans cet article, je vous propose une petite « fiche de lecture » avec les essentiels pour comprendre le Design Sprint (pour les mayennais·es, le livre est disponible à la bibliothèque de la technopole si cela vous intéresse n’hésitez pas à me contacter).

Les ingrédients d’un bon sprint

Comme toute activité de créativité, un design sprint peut être vu comme une recette à laquelle il ne faut oublier aucun ingrédient :

  • Une équipe de sprint, composée de 5 à 7 personnes max, ayant des compétences variées et travaillant sur le projet dont il est question. Au sein de cette équipe, la présence d’un·e décideur·se et d’un·e décideur·se suppléant·e (en cas d’absence éventuelle) est obligatoire pour pouvoir valider les décisions au fil de l’eau. Ensuite, pour compléter l’équipe, il faudra veiller à avoir des compétences complémentaires : finances, marketing, clientèle, technique, logistique, design, …
  • Des expert·e·s supplémentaires, à mobiliser pour le lundi après-midi (voir plus loin),
  • Un·e facilitateur·trice pour l’animation et la gestion du temps, quelqu’un à l’aise pour conduire une réunion, pour synthétiser rapidement les conversations et capable de dire aux gens d’arrêter de parler quand il est temps d’arrêter de parler,
  • 5 jours consécutifs bloqués dans le calendrier, de 10h à 17h, avec une pause médiane d’une heure, ni réunions ni mails autorisés, aucune exception acceptée,
  • 1 pièce de sprint avec de grands tableaux blancs pour constituer le « cerveau partagé » de l’équipe.
En plus des ressources humaines et en temps, il faut bien sûr quelques fournitures à base de post-it et de gommettes :) — Photo by Gautam Lakum

Un séquençage en 5 jours

5 jours, 1 objectif par jour :

Le déroulé du Design Sprint — www.thesprintbook.com

LUNDI : Cartographier pour comprendre le problème

Cette première journée de sprint commence par la définition d’un objectif à long terme pour le projet en cours, pour pouvoir partager une vision et un sens au projet. Il s’agit également de définir la ou les questions auxquelles devra répondre le sprint. Une fois l’objectif défini, il faut ensuite cartographier le problème : quelles sont les différentes parties prenantes, le résultat attendu, le parcours de l’expérience (actuel ou attendu), …

Le lundi après-midi est l’occasion de mobiliser des « expert·e·s », en interne ou en externe de l’entreprise, pour leur exposer le problème, le parcours et la cartographie réalisée, pour ainsi confronter leurs avis aux travaux de l’équipe et valider que l’équipe du sprint part sur la bonne voie.

Et enfin, la journée se termine par un rebouclage des questions du sprint et l’écriture de LA question (sous la forme de : « Comment pourrions-nous … ? »).

MARDI : Générer des idées

La deuxième journée du sprint est dédiée à ce qu’on appelle la divergence (concept que je présente dans cet article, paragraphe #1) : faire émerger des idées de solutions pour le problème que l’on a précisément défini et cadré la veille. Pour cela, il pourra être demandé aux membres de l’équipe d’arriver avec une liste de produits ou services considérés comme des sources d’inspiration.

Se succèdent ensuite plusieurs jeux de créativité pour amener l’équipe à générer des idées : idéation individuelle (pour laisser à chacun·e suffisamment de réflexion personnelle, et pour éviter que les fortes personnalités prennent le dessus dès le début), dessin, les « 8 minutes de folie », …

Voilà ce à quoi peut ressembler votre salle de créativité à la suite d’une séance productive — Photo by Startaê Team

MERCREDI : Décider

La troisième journée commence par une prise de connaissance des idées générées la veille et une « prise de températures » à base de gommettes pour identifier rapidement les idées qui semblent faire « tilt » au sein de l’équipe, un petit debrief de chaque idée (ou des idées les plus gommettées) pour être sûr·e que tout le monde les a bien comprises et soulever les premières questions, les premières possibilités d’enrichissement, et enfin, pour « sonder » l’équipe et identifier les idées les plus intéressantes à garder pour la phase de prototypage qui suivra.

L’après-midi du mercredi est dédiée à l’activité de storyboard : maintenant que la ou les solutions ont été sélectionnées collectivement, il faut voir comment elles fonctionnent et comment elles s’intègrent dans le parcours de l’expérience proposé (pour en savoir plus sur le parcours de l’expérience, je vous propose la lecture de cet article), et pour cela, le groupe va être invité à réaliser un storyboard (une visualisation du parcours de l’expérience proposé).

Le storyboard créé à ce moment-là sera celui ensuite qui sera prototypé et testé avant la fin de la semaine : une attention particulière devra être portée à ce que ce test soit possible en 15 minutes (les parcours trop longs ou trop complexes sont donc à éviter).

Il ne faudra pas non plus hésiter à choisir les options les plus risquées lorsque le groupe sera face à un choix : le sprint est une opportunité pour tester des idées risquées à moindre coût, il faut en profiter !

JEUDI : Prototyper

L’objectif de la 4ème journée est de faire du prototype réalisé la veille un prototype réaliste permettant les tests.

4 principes sont à adopter :

  • Tout est prototypable ! (quand on veut, on peut !),
  • Un prototype est jetable (ne vous y attachez pas trop),
  • Construire juste ce qu’il faut pour apprendre, pas plus,
  • Un prototype doit sembler vrai/réel.

Il est important de bien choisir les outils pour réaliser le prototype (powerpoint ou un logiciel de mockup pour un projet sur écran, une brochure ou une landing page pour un produit physique ou une nouvelle offre de service, l’impression 3D ou des Lego pour un objet, …) et de bien répartir les rôles entre les participant·e·s en fonction de leurs compétences et appétences pour ne pas se marcher sur les pieds et avancer le plus efficacement possible.

À mi-chemin du prototypage, un premier test peut être réalisé pour s’assurer que tous les éléments du storyboard soient présents et vérifier que le prototype réponde aux questions du sprint.

Tout se prototype, tout peut servir à prototyper ! Ici le parcours de l’expérience d’une application à l’aide d’impressions et de laine — Photo by Alvaro Reyes

VENDREDI : Tester

Le dernier jour est dédié aux tests du prototype réalisé : une personne de l’équipe est l’enquêteur·trice pour la tenue d’entretiens en face-à-face et les autres restent dans une autre pièce et regardent en direct les vidéos du test pour prendre des notes.

5 tests se succèdent dans la journée, chacun d’1h et séparés d’une pause, qui se termine ensuite par un debrief.

Pour chaque test, il y a 5 étapes à ne pas louper :

  1. L’accueil de la personne pour la mettre à l’aise, la remercier et lui expliquer comment va se dérouler le test,
  2. Les questions de contexte, pour savoir qui l’on a en face de nous et se renseigner sur ses habitudes, des centres d’intérêt, … l’objectif étant de faire en sorte que la conversation ait l’air d’une discussion informelle,
  3. Présentation du prototype,
  4. Tests du prototype en lui-même, en faisant en sorte que le testeur ou la testeuse fasse des tâches réalistes, qu’il ou elle aurait faites seul·e,
  5. Un rapide compte-rendu pour clore le test et collecter les dernières réactions.

Pendant toute la durée du test, la mission du reste de l’équipe est de prendre des notes, notes qui serviront en fin de journée au debrief.

À la fin de la journée, une attention particulière sera portée aux caractéristiques/éléments qui auront retenu l’attention d’au moins 3 testeurs·ses, comme étant les caractéristiques/éléments les plus pertinents. Mises en parallèle avec la question du sprint, ces caractéristiques permettront ensuite à l’équipe de décider des prochaines étapes (mise en place de la ou des solutions, développements, …).

Autres façons de le dire, le paragraphe 4 de « 7 clés pour mener à bien une enquête centrée usager ».

Ce n’était pas un Design Sprint, mais …

À l’été 2019, GRUAU nous a mis·es au défi d’animer une phase de créativité, pendant 2 jours, avec des collaborateurs GRUAU mais aussi des collaborateurs·trices d’un de ses clients, soit une douzaine de personnes, sur un problème à la fois technique, lié au fonctionnement d’un système physique présent dans un véhicule utilitaire, et à la fois lié à l’usage de ce même système.

Je me suis fortement inspirée du Design Sprint, tant sur l’ordre des activités à proposer (comprendre, créativer, prototyper) que sur la posture à adopter pour concevoir notre déroulé et permettre à tout notre petit groupe d’atteindre au mieux son objectif. Pour en savoir plus, vous pouvez lire On a créativé pendant 2 jours, on a survécu.

Également, le Challenge Compétences, organisé depuis 2011 par Laval Mayenne Technopole, peut être vu comme un sprint : visite d’une entreprise par une équipe d’étudiants·es, puis créativité pour répondre aux besoins/problématiques identifiées sur le terrain, et réalisation d’une maquette, une visualisation d’un projet sélectionné avec l’entreprise pour en faire une preuve de concept, en seulement 5 jours.

Envie d’organiser un Design Sprint dans votre entreprise ?

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Charlotte Duval

Chargée d’accompagnement des entreprises chez @LMTinnovation. Stories about #innovation, #accompagnement #entreprise, #créativité et autres