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Faut-il vraiment répondre à un besoin ?

Charlotte Duval
5 min readSep 24, 2019

Il y a quelques mois, quelqu’un m’a posé cette question. Fallait-il vraiment chercher à répondre à un besoin pour proposer des idées de projets à des entreprises ?

Achèteriez-vous quelque chose dont vous n’avez pas besoin ?

Alors oui, nous sommes nombreux·ses à posséder une multitude d’objets ne nous servant pas. Donc de facto, nous avons acheté des choses dont nous n’avons pas besoin. Donc la réponse à cette question serait plutôt oui, et donc la réponse au titre de cet article serait plutôt non.

Mais … visualisez-vous l’un de ces objets ?

Remémorez-vous le jour où vous avez pris la décision de l’acheter, vous souvenez-vous des raisons de cette décision ?

Vous en avez-trouvé au moins une ?

Eh bien … c’était ça votre besoin !

Que ce soit pour pouvoir faire des gaufres, pour vous défendre en cas d’agression, ramener un souvenir de vacances à votre maman ou pour faire comme vos ami·e·s, pour savoir combien de pas vous faites par jour ou pour apprendre à développer votre propre site web, ou encore pour vous marrer (ou faire marrer votre entourage), ce que vous avez acheté, au moment où vous l’avez acheté, vous l’avez acheté pour une raison : vous en aviez besoin (ou vous pensiez en avoir besoin).

Un besoin, qu’il soit physiologique, de sûreté ou de sécurité, d’amour ou d’appartenance à un groupe, d’estime de soi (confiance, respect, reconnaissance, …) ou encore d’accomplissement personnel, est quelque chose que naturellement, tout être humain va chercher à combler.

Même si ce besoin n’existe plus aujourd’hui (ou qu’au final vous vous êtes rendu compte que cet objet n’y répondait pas vraiment), c’est ce qui a motivé votre acte d’achat.

La parenthèse Culture « G »

Certain·e·s d’entre vous auront reconnu la hiérarchisation des besoins élaborée par Abraham Maslow dans les années 40 et visualisée dans sa « Pyramide de Maslow ».

Même si elle peut être contestée, cette pyramide permet de mettre en avant les sources de motivation que peut avoir l’être humain, et surtout les besoins qu’il va choisir de combler en premier par rapport à d’autres.

La pyramide de Maslow quelque peu revisitée avec les besoins « modernes » liées à l’avènement des technologies internet et mobiles — source : Pinterest, semble venir du site www.swiftbricks.com

À part dans les clips de rap … les gens n’aiment pas jeter l’argent par les fenêtres

Source : www.giphy.com

En général les gens n’aiment pas dépenser de l’argent pour le plaisir de dépenser de l’argent.

Et ce qui est vrai à votre échelle, celle de l’individu, l’est aussi à l’échelle d’une organisation ou d’une entreprise.

Si vous avez l’intention de vendre quelque chose à d’autres personnes, que ces personnes soient des particuliers ou achètent pour le compte d’entreprises, il vaut mieux vous assurer que ce quelque chose réponde à un besoin réel !

Et en plus, en faisant cela, en répondant à un besoin, en permettant de résoudre un problème, vous réduisez d’emblée vos coûts d’acquisition : par sa définition, votre produit ou votre service sera indispensable et se vendra presque de lui-même.

Les gens n’aiment pas jeter l’argent par les fenêtres concernant leurs propres achats, mais aussi, dans le monde de l’entreprise, pour les projets qu’ils décident de lancer : avant d’investir en temps et en argent dans un nouveau produit, dans un projet de R&D, dans la mise en place d’un nouvel outil, …, va toujours se poser la question du retour sur investissement, de ce que l’on va pouvoir en retirer.

Ou comment revisiter le sens du fameux « no pain no gain » (pas d’efforts, pas de résultats) : pas de besoin résolu, pas de ventes !

Faut-il vraiment répondre à un besoin ?

Non ne vous en faites pas, il ne s’agit pas d’une malheureuse erreur de copié-collé ou d’un manque d’inspiration de ma part, cette répétition du titre est volontaire.

En effet, cette question on me la pose également souvent lors de séances de créativité, lorsque je propose aux participant·e·s un « challenge créatif » défini pour répondre à un besoin identifié, ou que je leur propose de se pencher sur les freins, les besoins, les problématiques, …, d’une entreprise pour ensuite proposer des solutions pour les contourner.

L’objection que l’on me fait ? Cela bride la créativité de poser un cadre, de poser un « challenge créatif », d’accompagner le groupe vers la réponse à un besoin identifié.

Et pourtant cette technique, que l’on peut appeler la « défectuologie » et que j’utilise dans un de mes exercices de créativité préféré que j’ai baptisé « scénario catastrophe », est l’une des plus puissantes pour faire émerger des idées de projets, et surtout des idées de projets qui s’approchent le plus possible de solutions faisables.

Utilisée « from scratch », cette méthode permet d’imaginer des idées de solution en se demandant ce qui ne va pas, ce qui ne convient pas aux différents protagonistes (clientèle, partenaires, …), pour ainsi répondre directement à ces problèmes. Toutefois, je n’utilise jamais cet exercice sans avoir au préalable fait une « purge », c’est-à-dire sans avoir demandé aux gens leurs premières idées (sans contraintes), pour permettre aux personnes les plus créatives et les plus imaginatives de se débarrasser de ces premières idées et ainsi qu’elles s’intègrent à fond dans le processus créatif que je propose. Et puis aussi parce qu’il arrive que de très bonnes idées arrivent d’elles-mêmes :)

Cette méthode peut aussi être une très bonne technique d’enrichissement d’idées déjà formulées : en se demandant qu’est-ce qui pourrait faire que cette idée n’aboutisse pas, quels sont les freins à sa mise en place, …, puis en réfléchissant point par point, problème par problème, à des solutions de contournement pour améliorer ou faire évoluer l’idée vers un concept le plus abouti possible.

Exemple de l’évolution d’une idée, depuis celle issue de la « purge » jusqu’à sa version enrichie avec la méthode du « scénario catastrophe » — Illustration Charlotte Duval LMT

Et vous, avez-vous un avis sur la question ? Une expérience à partager ?

Identifier les problèmes, les besoins non résolus, …, est à la base des méthodes de travail que nous utilisons chez LMT pour accompagner les entreprises, dont le design thinking.

J’utilise principalement la méthode du scénario catastrophe pour les séances de créativité du Programme APOLLO www.programmeapollo.fr et du Challenge Compétences www.challenge-competences.fr.

Je suis à votre dispo pour en parler si vous le souhaitez :)

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Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à me suivre pour être notifié·e de mon prochain article.

Et si vous le partagiez à un·e ami·e curieux·se ? :)

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Charlotte Duval

Chargée d’accompagnement des entreprises chez @LMTinnovation. Stories about #innovation, #accompagnement #entreprise, #créativité et autres